History

RTS : UNE PASSION QUI DURE DEPUIS 30 ANS

L'historie de RTS racontée par le président Gastone Partisani dans une interview en 2011

"En 1976, j’avais 30 ans et je travaillais dans l’entreprise familiale. Depuis des générations, notre entreprise s’occupait de la production de farines alimentaires. Dans les années 60, nous décidâmes de construire une usine pour la fabrication d'aliments pour animaux et nous commençâmes donc leur production. L’une de mes tâches au sein de l’entreprise était d’« optimiser » la centaine de formules d'aliments pour animaux que nous produisions pour les différentes espèces : poulets, porcs, lapins, etc. Optimiser signifiait modifier la composition pour avoir la même valeur nutritionnelle au moindre coût, le tout en fonction de la variation du prix des matières premières. Il s’agissait d'un travail long et épuisant que les grands producteurs effectuaient au moyen de puissants (pour l'époque) et coûteux calculateurs (mainframe) IBM. Lorsque j’appris que la société américaine Texas Instruments offrait un nouveau micro-ordinateur à prix élevé mais accessible, je fis quelques calculs et décidai immédiatement de l'acheter.Il coûta 40 millions de lires, environ 20 000 euros d’aujourd’hui ! Mais nous produisions presque 250 000 quintaux d’aliments pour animaux chaque année, et avec une économie de 3 % du coût seulement, en 12 mois l’investissement serait amorti. Je commis toutefois une erreur due au manque d'expérience. À cette époque, je pensais que les calculateurs étaient comme les calculatrices, que pour les faire fonctionner, il suffisait de brancher la prise et des les allumer, comme une cal culatrice justement. Je me rendis rapidement compte que ce n'était pas le cas. Les programmes étaient tout à fait insuffisants, voire inexistants, et ne fonctionnaient pas, bien que le programmateur que le fournisseur m'avait mis à disposition fît tout son possible. Peu après, le fournisseur, un petit producteur de logiciels de Trieste, fit faillite et je me retrouvai avec ce « tas de ferraille » payé 40 millions de lires qui ne servait à rien. Ma famille me tint bien sûr pour responsable de cette très mauvaise affaire. Ce furent des mois très difficiles, au cours desquels je réagis en cherchant différentes solutions, dont un accord avec le programmateur, qui s’engagea à continuer à me fournir son assistance. C’est ainsi que débuta un patient travail d’analyse, d’écriture et de vérification des programmes pour l’optimisation des formules des aliments pour animaux et pour la gestion comptable, commerciale et de la production de l'entreprise.

Le programmateur s’appelait Mauro Mercadante et il avait entre-temps trouvé un autre emploi, toujours à Trieste. Nous pouvions donc travailler à notre projet uniquement pendant le weekend et les vacances. Pendant quatre ans, de 1977 à 1980, chaque moment libre fut consacré à développer le système informatique. Je gérais une entreprise depuis 10 ans déjà et savais ce dont nous avions besoin, je définissais donc les exigences et les objectifs, que Mauro Mercadante transformait ensuite en procédures efficaces et fonctionnelles.

Un dimanche après-midi de janvier 1981, alors que nous travaillions comme d'habitude pour étendre et améliorer les procédures, nous tirâmes un rapide bilan des activités accomplies au cours des quatre années précédentes : nous avions des programmes qui géraient tant la comptabilité que la partie commerciale et productive, nous connaissions la partie systémique et avions des fournisseurs qualifiés, comme Texas Instruments, qui nous garantissaient leur soutien et leur assistance. Nous nous demandâmes donc s’il était possible de proposer notre expérience et notre système informatique à quelques amis en trepreneurs.

Je soulevai le combiné et en appelai deux. Le premier, Franco Casadei avait une entreprise de commerce et de distribution de carburants. Le second, Iliano Romagnoli, était dans les médicaments et compléments alimentaires pour animaux. Nous proposâmes à tous deux d’installer dans leurs bureaux de simples terminaux vidéo et des imprimantes à relier à notre ordinateur au moyen de lignes téléphoniques dédiées. Ils pouvaient utiliser nos programmes à distance et, s’ils en étaient satisfaits, ils nous paieraient une redevance mensuelle. Tous deux acceptèrent avec enthousiasme notre proposition. Mauro et moi décidâmes donc de constituer une société ensemble et de nous lancer pleinement dans une aventure de producteur de logiciels !

C’est ainsi que fut fondée la société RTS Remote Terminal System. Mauro Mercadante déménagea avec sa famille à Forlì, nous achetâmes un bureau de 100 m2 au 36 via Consolare et nous commençâmes à proposer nos solutions aux entreprises de la ville. Nous travaillâmes dur, nous avions envie de grandir et bien que nous ayons peu de clients, nous nous octroyâmes le luxe d’engager Sandra Baldassari, notre première employée, qui est depuis cette époque la scrupuleuse et fidèle responsable de l’administration RTS. Nous nous rendîmes rapidement compte que les concurrents ne manquaient pas dans le secteur. L’un d’entre eux, la société Data Service de Faenza, se trouva en difficulté parce qu’elle ne réussissait pas à fournir à ses clients ce qu’elle leur avait promis. Nous fûmes très surpris lorsqu’ils nous proposèrent un accord de fusion. Pour nous, accepter n’était pas une décision facile. Les risques étaient très élevés parce que le projet prévoyait pour nous l’acquisition de la société, l’engagement de son personnel, et la reprise de ses engagements auprès des clients. Nous eûmes le courage de le faire, et pratiquement du jour au lendemain, la taille de l'entreprise tripla. Tout se passa pour le mieux, et après quelques années, nous avions une dizaine de clients importants qui, pendant toutes les années quatre-vingt, nous garantirent chaque mois un chiffre d’affaires satisfaisant. Un épisode, qui se révéla par la suite fondamental, se produit en 1981, lorsque le hasard voulu que nous entrions en contact avec la société Ondulato Imolese, aujourd’hui Smurfitkappa Massa Lombarda. La société souhaitait moderniser son système de gestion.

Mauro Mercadante se rendit dans cette entreprise pour une première rencontre et, à son retour, lorsque je lui demandai comment la réunion s’était passée et si nos programmes pouvaient répondre à leurs besoins, sa réponse fut la suivante : « Ils fabriquent des boîtes en carton ondulé, je crains que nous devrons apporter quelques modifications à nos programmes, mais nous devrions y arriver ». Nous vendîmes ainsi, à un prix d’ailleurs très bas, un système « clé en main ». Mauro Mercadante travailla avec acharnement sur ce projet pendant trois ans ! Nous acceptâmes d’investir tout ce temps parce que nous voulions que le client soit satisfait et que nous souhaitions construire quelque chose de nouveau. Ainsi, fin 1983, nous fûmes contactés par Poligrafico Buitoni (aujourd’hui Europoligrafico), qui cherchait un système informatique pour la papeterie. Nos solutions leur plurent beaucoup, elles étaient alors déjà très innovantes, et ils payèrent un bon prix pour notre logiciel, nous donnant ainsi la possibilité de couvrir les investissements effectués jusque là.

Outre l’argent, nous obtînmes quelque chose d’autre, d’encore plus précieux, à savoir la possibilité d’améliorer nos programmes en suivant les indications, les suggestions et les demandes des excellents consultants de Poligrafico Buitoni. C’est alors que nous développâmes la comptabilité industrielle et la comptabilité des commandes. Mauro Mercadante se consacra au projet pendant 2 ans en se rendant chaque semaine à Pérouse, et cette fois encore nos efforts furent récompensés lorsque, en 1986, des négociations furent entamées avec Ondulati Panaro (aujourd’hui Smurfitkappa). La rencontre avec Fiano Setti, le propriétaire de l’époque, et avec Luigi Polimeni, l’ingénieur responsable de leur projet d’informatisation, fut capitale pour nous, et donna rapidement naissance à une amitié qui dure encore aujourd’hui. Les vérifications et les négociations furent très approfondies et serrées et se conclurent de façon positive. Ainsi, pendant deux ans encore, Mauro Mercadante dut se rendre chaque semaine au siège de Ondulati Panaro dans la province de Modène. Dans ce cas également, la collaboration avec l’ingénieur Polimeni conduisit à un enrichissement significatif des procédures RTS.

En 1986, je mis de côté toutes mes activités précédentes pour me consacrer uniquement à RTS. La société allait bien, j’étais administrateur et responsable de la partie commerciale, Mauro se chargeait de toute la partie technique. À ce stade, il était évident que ce qui 10 ans plus tôt m'avait semblé un malheur, avoir acheté un ordinateur qui ne fonctionnait pas, s'était révélé une grande chance pour une nouvelle activité prometteuse. En d’autres mots, « à quelque chose malheur est bon », en particulier si l’on est capable de « transformer une difficulté en une occasion ». Entre-temps, notre système avait beaucoup grandi et commençait à être connu et apprécié dans le secteur du carton ondulé et de la papeterie. En 1988, ce fut le tour de Cartotecnica Tifernate, de Ondulati Santerno et, en 1989, de Ondulati Icom. Tous ces projets furent

lancés avec succès, mais le fait de toujours devoir se rendre chez le client pour toute intervention d’assistance, même minime, rendait une croissance au niveau national très problématique.

Les années 80, pendant lesquelles nous avions vécu en facturant des redevances mensuelles à nos clients connectés à distance à notre élaborateur et en fournissant des solutions informatiques aux secteurs les plus disparates, étaient terminées. Les choses étaient en train de changer. Au début des années 90, les prix des ordinateurs diminuaient et les premiers ordinateurs personnels comme les M20 de Olivetti commençaient à se répandre. Les lignes téléphoniques dédiées qui nous connectaient à nos clients à distance continuaient en revanche à coûter cher. Nous devenions peu compétitifs et nous nous rendions compte que nous serions rapidement mis à l’écart du marché et que nous risquions de perdre tous les clients connectés à distance. À cette époque, il était très difficile d'être compétitif, en particulier parce que les clients accordaient une grande importance au matériel et peu ou pas d’importance au logiciel qui était même souvent donné gratuitement.

Ce qui était important pour le client, c’était d’installer un IBM ou un Honeywell dans l’entreprise. Je me rappelle d’une négociation perdue contre Olivetti qui montra à un entrepreneur le programme du lancement d'un missile, lorsque je fis remarquer au client qu'il avait besoin d'une comptabilité et non pas d'un missile. Ce client me répondit : « s'il sait lancer un missile, selon vous il ne sait pas s’occuper de la comptabilité ? ». C’est alors que nous menâmes une recherche pour savoir quelle marge de développement existait dans le secteur où nous étions les mieux préparés et où nous savions que la concurrence était presque inexistante, soit le secteur du carton ondulé et de la papeterie. Nous fûmes très surpris de découvrir que le nombre total de petites et grandes entreprises de ce secteur s’élevait à bien plus d’un millier, et que ce secteur se prêtait très bien à une action de croissance ciblée et de politique de niche.

Bien sûr, les clients potentiels étaient éparpillés dans toute l’Italie, en particulier au nord, et le problème des distances se posait. Nous fûmes aidés par la technologie et par la diffusion des « modems », les premiers appareils à travers lesquels il fut possible de se connecter aux ordinateurs des clients en restant tranquillement assis au bureau. Le problème du lien qui nous unissait au matériel de Texas Instruments fut lui aussi résolu lorsque nous réussîmes à passer au nouveau système d’exploitation « Unix », qui nous permettait de pouvoir utiliser et revendre n’importe quel ordinateur souhaité par le client, y compris ceux d’IBM. Notre nouveau départ eu lieu en 1992, à travers une campagne de communication dans la revue spécialisée « Converter e Cartotecnica » et avec le « lancement » officiel de Converflex92 à Milan. Une action importante pour nous différencier de la multitude de producteurs de logiciels qui proposaient des solutions standard consista en l’accord de collaboration passé avec le réseau commercial de Castaldini, une entreprise du secteur de la métallurgie très cotée avec de bonnes relations dans le secteur du carton ondulé et de la papeterie.

Le succès fut immédiat et les premiers clients arrivèrent en Lombardie, avec un peu d'inquiétude pour Mauro Mercadante, qui devait encore une fois prendre le volant pour aller toujours plus loin. Bien que le modem facilitât l’assistance normale au client, le lancement du système devait être effectué sur place. Au printemps 1993, la chance nous aida de nouveau. Avec IBM, nous organisâmes une présentation auprès d’un de leurs centres d’étude sur le lac de Côme. Je me rappelle tout à fait mon émotion lorsque je reçus l’appel de Mauro Boatin, à cette époque responsable EDP du Groupe SISA - Saint Gobain (aujourd’hui Smurfitkappa) qui me demandait un rendez-vous à Asti parce qu’il était à la recherche d’un nouveau système informatique pour toutes les installations du groupe.

Il y eut immédiatement une très bonne entente et, en quelques jours, nous passâmes un contrat qui prévoyait l'informatisation de leurs installations de Asti, Vercelli, Tezze, Monza et Foggia. Nous avions obtenu du travail pendant au moins 2 ans. Nous étions 15, nous nous développions, et nous n’avions presque pas de concurrents. Sur le conseil de mon ami Fiano Setti, que je remercie de son soutien et de l’estime dont il a toujours fait preuve à mon égard, en mai 1994 je participai pour la première fois à la conférence GIFCO qui se déroulait à Capri. Je fus très impressionné par cet événement, et je ne l’ai plus manqué au cours des années suivantes.

La possibilité de pouvoir présenter, même pendant quelques minutes seulement, nos solutions et nos nouveautés à une salle pleine d’entrepreneurs du secteur du carton ondulé représentait une occasion exceptionnelle de communication. Nous commençâmes bien sûr à participer également aux conférences Gifasp pour le secteur de la papeterie. Avec notre enthousiasme habituel, nous nous présentâmes à Corrugated 94 à Paris. Ce fut un succès, et au cours des années suivantes, de nombreux clients nous accordèrent leur confiance, dont Ondulati Ghelfi, Zetacarton, Euroscatola, Corsonna, Ondulkart, Ondulor pour n’en citer que quelques-uns.

Peu après, Smurfit racheta Sisa, et pour nous cela changea la donne, puisque Smurfit utilisait son propre système informatique développé en partie en interne, et en partie par l’un de nos concurrents. Nous perdîmes également la collaboration de Mauro Boatin qui, pour des raisons personnelles, décida de quitter la nouvelle société Smurfit-Sisa et fut engagé par Rainer Neugebauer, concepteur et propriétaire de Pctopp, le programme pour l’optimisation des couplages à l’onduleur, qui figurait déjà parmi les programmes de ce type les plus répandus dans le monde. Mauro Boatin le connaissait très bien, puisqu’il l’avait traduit en italien et installé dans toutes les installations Sisa quelques années auparavant. En 1996, lorsque Mauro Boatin, fatigué de voyager à travers le monde, décida de quitter Neugebauer et de revenir travailler en Italie, il rejoint RTS.

À cette époque, notre système ne possédait aucune fonction relative à l’optimisation des couplages à l’onduleur. Nous ne savions pas si nous devions la développer en interne ou non. Pctopp était, et demeure, l’un des meilleurs programmes existants pour l’optimisation des couplages à l'onduleur, il comptait plus d'une centaine d'installations à travers le monde et était déjà utilisé en Italie par Smurfit-Sisa.

Grâce à l’arrivée de Mauro Boatin, il nous fut facile de conclure un accord de distribution pour l'Italie. Malgré ces succès, nous savions qu’il était impensable d’envisager d'arrêter de faire de la recherche et d'innover. Dans notre secteur, on ne peut même pas s'arrêter un instant, car l'on se retrouve immédiatement hors du marché ! À cette époque, Windows s’imposait rapidement, et remplaçait l’ancien DOS, les ordinateurs personnels s’affirmaient et la concurrence entre ces derniers et les « mainframe » était rude.

Nos premiers concurrents apparurent en effet dans ce contexte et commencèrent à proposer des programmes écrits dans l’environnement Windows, avec l’utilisation des icônes et de la souris que nous connaissons tous aujourd’hui. Nos programmes étaient au contraire écrits avec un langage dérivé du Cobol et les écrans s’affichaient encore avec des caractères verts. Des discussions infinies commencèrent alors entre Mauro Mercadante et moi sur l'idée de réécrire tous les programmes. Les raisons de l'opposition étaient claires : d’un côté nous avions des programmes éprouvés et efficaces qui continuaient à bien se vendre, tous les réécrire et surtout les tester un par un signifiait un effort considérable en termes de temps, d’énergie et d’argent, de l’autre, nous courrions le risque de « rester en retard » et de perdre notre compétitivité.

En juin 1997, je participai comme d’habitude à la conférence Gifasp de Taormina, dont le thème était le renouvellement technologique dans un secteur « mûr » comme celui de la papeterie. L’intervenant, un professeur de l’Université Bocconi dont je ne me rappelle pas le nom, commença son intervention par une question : « En Inde, savez-vous comment les chasseurs font pour capturer les singes ? ». Bien sûr personne ne répondit. L’intervenant nous expliqua alors que les chasseurs prennent une noix de coco, dans laquelle ils font un trou pour enlever l’eau, et remplissent ensuite la noix de riz, puis ils attachent le fruit à un arbre et attendent. Le singe, curieux et toujours à la recherche de nourriture, enfile la main dans le trou. Une fois le riz saisi, il le sert fort dans son poing, tellement fort qu'il n'arrive plus à sortir sa main de la noix. Il est victime de sa volonté de « ne pas renoncer au riz », et se laisse ainsi capturer.

« Donc - ajouta l’intervenant - la morale est que si dans certains cas vous n’êtes pas prêts à « renoncer » à votre tranquillité et à votre routine représentées par le riz, si vous ne décidez pas d'investir de l'énergie et de l'argent dans l'innovation et la recherche, vous serez inéluctablement voués à succomber ».

Le message ne pouvait être plus clair et il fit basculer la balance. À mon retour à Forlì, j’avais déjà décidé que nous réécririons l’ensemble du système pour pouvoir garantir aux clients des interfaces graphiques Windows et supporter l’utilisation de la souris. Mais comme d’habitude, cela fut plus facile à dire qu’à faire, et franchir cette étape fut compliqué, parce que pour modifier le produit, il fallait former les programmateurs à l'utilisation de nouveaux instruments et de nouvelles techniques.

La solution fut trouvée à travers l’engagement de personnes spécialisées dans le nouveau langage. Cela représenta véritablement un nouveau souffle qui permit à toute l'entreprise de faire un saut technologique important et de réécrire tous les programmes. Peu après, nous nous rendîmes compte de l’importance stratégique de ce choix, nous étions en effet aux portes de l'an 2000 et le millennium bug contraignait presque toutes les entreprises à mettre à jour ou changer leurs systèmes informatiques. Si nous n'avions pas introduit sur le marché la nouvelle version munie d'une interface graphique, notre système aurait été considéré comme obsolète et nous aurions été écartés sans appel.

Se trouver dans une situation de « monopole » relatif comme c’était notre cas jusqu’à la moitié des années 90 était confortable mais aussi très dangereux. Nous étions donc prêts à saisir pleinement une occasion unique dans l’histoire de l’informatique comme le passage à l’an 2000 qui, comme nous nous le rappelons tous, comportait le risque de blocage de presque tous les systèmes. Nous étions les leaders du secteur. Nous obtînmes la confiance de nombreux nouveaux clients importants comme Ondulati Sada, Cartonstrong, et même Smurfit-Sisa qui, dirigée à l'époque par Roberto Villaquiran, décida d’utiliser nos systèmes non seulement dans les anciennes installations Sisa, mais aussi dans tous les autres sites du groupe en Italie.

Le secteur de la papeterie nous apporta également beaucoup de satisfaction puisque nous pouvions compter parmi nos clients des entreprises prestigieuses comme Arti Grafiche Reggiane et Cartografica Veneta. Jusqu’alors, en 2001, nous avions réussi à conserver tous nos clients « historiques » des différents secteurs, malgré le « passage à l’an 2000 », mais lorsque nous fûmes contraints, encore une fois, à modifier profondément tous les programmes en vue de l'entrée en vigueur de l'euro, prévue pour le 1er janvier 2002, nous nous rendîmes compte que nous ne possédions peut-être pas les forces nécessaires pour convertir à l'euro tous les programmes des différents secteurs marchands. Nous devions à nouveau faire un choix : tout faire en prenant le risque de ne pas être prêts pour le rendez-vous de l'euro, ou nous concentrer uniquement sur les programmes des secteurs du carton et de la papeterie en abandonnant tous les autres secteurs. Nous décidâmes d’abandonner les autres secteurs. Ce fut un choix douloureux mais nécessaire et nous fîmes tout ce que nous pouvions pour assister les anciens clients qui étaient souvent des amis. Nous réussîmes à conclure pour eux des accords avec certains producteurs de logiciels qui s'engagèrent à fournir gratuitement leurs programmes en se limitant à faire payer aux clients la formation et bien sûr les services d'assistance.

L’arrivée presque simultanée de l’an 2000 et de l’euro avait été un événement extraordinaire qui nous avait donné beaucoup de travail, et avec plus de 140 clients, nous restions le numéro un du secteur.

En 2006, lors de la conférence GIFCO de Catane, nous obtînmes l’énorme satisfaction de recevoir des mains du Président Piero Attoma une attestation spéciale de reconnaissance « pour les 25 ans de collaboration active et pour le soutien précieux fourni à travers le développement de nombreuses solutions et idées au service des entreprises du secteur ». Encore une fois nous pouvions décider de rester inactifs et de nous reposer sur nos lauriers, mais cela n’est pas dans notre nature et, après une brève période de consolidation, nous décidâmes encore une fois de « renoncer au riz » et de nous préparer pour un autre bond en avant, celui de l’internationalisation.

Nous chargeâmes une prestigieuse agence de communication de Milan, Baum Communication, d’étudier pour nous une nouvelle image et une action efficace de marketing.

Puis nous engageâmes Robertino Piazza, un ingénieur, afin qu’il se charge de la réorganisation et de la planification de toutes les activités techniques de RTS pour rendre la structure plus adéquate aux nouvelles tâches.

Tous les programmes furent encore une fois réécrits pour devenir « multilingues » et nous créâmes la version en anglais et en espagnol. Par ailleurs, nous décidâmes de mettre en place une nouvelle campagne de projets de recherche et développement, ambitieuse et astreignante: la base de données sur Oracle, le système informatique RTSv8 sur des serveurs virtuels, les impressions dans Crystal Report, le système de Business Intelligence, pour n’en citer que quelques-uns.

Nous choisîmes de miser sur l’Espagne pour des raisons évidentes de proximité non seulement géographique, mais aussi linguistique et culturelle. Cela fut suivi d'autres initiatives importantes, comme la participation à la conférence FEFCO de Nice, la recherche d’un producteur de logiciels espagnol avec qui nous conclûmes un accord de partenariat, l'engagement de Roberto Chicote, spécialiste espagnol de logiciels pour le carton ondulé, et nous réussîmes enfin à être représentés en Espagne par Victor Garcia, à l’époque Président de l’AFCO.

Toutes les conditions étaient réunies, et encore une fois, la chance nous permit de rencontrer nos premiers gros clients ibériques. Je signai un contrat le 28 juin 2007 avec Jose Romani, administrateur de Andopack, que j’avais rencontré à l’occasion d’une de mes visites à l’Hispack de Barcelone. Avec Rafael Martinez, actionnaire et administrateur du groupe Hinojosa, que j’avais rencontré, presque par hasard, lors d’un voyage à Valence le 4 juillet 2007, je conclus un contrat pour l'informatisation de deux entreprises du groupe : Vegabaja à Alicante et Ondulembalaje à Madrid. La crise financière arriva quelques mois plus tard, ce fut une période très difficile au cours de laquelle tout nouvel investissement dans les biens structurels fut bloqué et où il semblait que tout allait de mal en pis.

Ces contrats nous ont beaucoup aidés durant cette période si difficile pour tout le monde. En 2008 et 2009, Mauro Mercadante et Mauro Boatin ont lancé avec succès trois projets, en apprenant l'espagnol, en voyageant low cost et en communiquant via Skype.

Je peux affirmer sans exagérer qu’aujourd’hui Mercadante et Boatin figurent parmi les principaux experts du secteur en Europe.

Aujourd’hui, en 2011, nous vivons un moment enthousiasmant, non seulement parce que nous avons réussi à ne pas nous laisser entraîner par la crise, mais aussi et surtout parce que RTS continue à croître en Italie et sur le marché espagnol grâce au grand travail de marketing réalisé ces derniers temps.

RTS célèbre cette année 30 ans d’activité, un anniversaire significatif pour un producteur de logiciels si l’on pense à la spécificité du secteur informatique et à tous les changements que nous avons dû affronter au cours des années. Je suis serein et j’ai confiance en l’avenir, notamment parce que je peux compter sur mes enfants Massimo et Annabella, qui sont à mes côtés depuis de nombreuses années et qui travaillent avec autant de passion que moi. Ils apporteront une continuité à mes projets.

J'aurai 65 ans dans quelques mois, mais je n'ai aucune intention de prendre ma retraite! D’ailleurs, je n’en ai pas besoin, parce que je suis une de ces personnes qui ont la chance d’avoir choisi un travail qu’elles aiment, et donc, pour citer Confucius, j’admets que je n’ai pas dû travailler un seul jour au cours de ma vie!"